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Aprèscovid
5 mai 2020

tout va t-il changer après Covid 19 ?

 

Tout va-t-il changer après Covid 19 ?

 

Le monde d’après Covid sera-t-il un monde meilleur ? Une fois vaincu ce virus sournois, les individus vont-ils se réveiller du confinement, plus humbles, plus responsables ? Y aurait-il une prise de conscience écologique, individuelle, collective … mondiale ?

Les virus n’ont pas attendu le début de l’année 2020 et la nouvelle ère du  réchauffement climatique pour attaquer l’homme et provoquer des pandémies meurtrières. Peste d’Athènes, peste noire, typhus, choléra, grippe espagnole, grippe asiatique, grippe de Hong Kong, Ebola, SRAS, Sida, tous ces virus assassins ont accompagné l’humanité depuis l’antiquité.

La plupart du temps, ces pandémies étaient en corrélation avec les changements climatiques.

Les grandes sécheresses de l’antiquité ou le petit âge glaciaire au moyen âge, ont entrainé des crises alimentaires, des famines, et avec elles,  l’apparition de maladies qui décimaient les populations, et entraînaient bouleversements politiques, guerres  et migrations.

Au 3esiècle de notre ère ce sont les sècheresses prolongées qui ont précipité la chute de Rome. Ensuite il y a eu à partir des années 500, la période la plus froide connue en 2300 ans. Elle a duré 100 ans et était due probablement à plusieurs éruptions volcaniques. La diminution de la  production agricole, les  pénuries, qui ont suivis ont entrainé une peste pandémique faisant des millions de morts. Puis les vagues de froid du 17esiècle coïncidant avec la guerre de 30 ans et au départ massif des colons européens en Amérique. Dans notre pays, on constate, que les épidémies, les crises alimentaires, la famine, la pauvreté,  liées à la météo, ont rythmée la vie des français entre 1580 et 1710. Cela débouchera sur la révolution de 1789.

Depuis la fin de l’obscurantisme, ce sont  les sciences, le progrès, les techniques qui ont permis aux gens d’aller vers un confort, un bien être toujours plus grand pour les générations suivantes. Grâce aux  vaccins, on a pu enrayer ces épidémies qui faisaient des millions de morts. Grâce aux  rayons X, à l’anesthésie, aux antibiotiques, avancées inestimables, on a pu alléger les souffrances des peuples, augmenter notre espérance de vie qui est passée de 28 ans en 1750 a 85 ans aujourd’hui.

« Depuis l’antiquité déjà, les grecs ont eu  confiance dans les capacités de l’intelligence humaine, procurant optimisme  et progrès, qui veut que l’homme sache s’adapter à n’importe quels évènements dramatiques, et avance vers une amélioration infinie de sa condition ».

Avec le siècle des « lumières » et la révolution intellectuelle, les nouveaux principes de tolérance, de croyance dans le progrès se sont imposés. Montesquieu, voltaire ont enseigné que la connaissance permettra d’aller vers un monde toujours meilleur, un cosmopolitisme qui pose l’unité de tous les humains quel que soit leur origine géographique.

Tous ces enseignements historiques permettent aux scientifiques de constater que l’humanité s’est toujours adaptée aux pires désastres qu’ils soient naturels ou non, et d’anticiper sur la manière dont les sociétés humaines réagiront aux changements climatiques prochains. Bien que les sociétés actuelles semblent moins vulnérables, elles ne sont pas immunisées contre tous les nouveaux virus, ni  contre les changements climatiques. Pour lutter contre ces désastres, et nos excès, il ne faudrait en aucun cas rejeter notre histoire, rejeter nos progrès, nos luttes, car  les rejeter reviendrait à rejeter notre part d’humanité, et donc nos propres réalisations.  

 Ce virus que nous devons combattre est aussi la nature,  sorte d’être vivant écolo, puisque dans un laps de temps infinitésimal à l’échelle de notre terre, il aura eu le mérite de permettre à nos villes de respirer à nouveau.

Mais au final, une fois vaincu, sera-t-il salutaire pour l’avenir de l’humanité, nous aidera-t-il à prendre les bonnes décisions afin de gagner le défi du réchauffement climatique ? a-t-il ordonné aux hommes de rester enfermés pour qu’ils prennent le temps de réfléchir, de se recentrer sur une vie intérieure, de construire du sens et de l’espoir, de renouer avec de vraies valeurs, différentes de celles d’un consumérisme inutile ?

Après Covid,  comment chaque individu va-t-il changer de comportement, concrètement ?   est-ce que je ne vais plus faire la fête avec mes amis, ne plus faire des kms pour aller embrasser mes enfants, pour aller applaudir les artistes à un festival, pour aller découvrir les merveilles du monde, aller à la rencontre de cultures et de peuples, si différents et attachants, ne plus utiliser mon téléphone portable, mon ordinateur ?

Comme une partie des habitants de cette planète, j’avais déjà une conscience écologique bien avant Covid. Je trie et ramasse mes déchets, je circule en vélo dès que cela est possible, je ne prends pas de bain, je chauffe très peu, je ne mange pas de hamburger, et je consomme bio et local depuis 30 ans déjà.

Mais est ce que la majorité des individus libérés après Covid, aura enfin compris les enjeux écologiques et reviendra subitement à la raison ? J’en doute !  Une fois libérée la plupart des individus ne pensera qu’à rattraper son retard de consommation. Se jeter sur  toute la malbouffe qu’ils n’auront pu avaler faute de fermeture de leurs fast food préférés, rouler à coup d’essence dont le prix n’a jamais été aussi bas étant donné la mise à l’arrêt de la moitié de la population mondiale !

Selon Finkielkraut, « le danger de l’après Covid pourrait être  que la seule valeur identifiée par le plus grand nombre mis en télétravail et avec un enseignement à distance, soit celle du virtuel, ce qui ferait que l’après covid aurait eu pour effet de resserrer l’emprise du numérique,  Apple et Google pouvant encore mieux modifier les comportements humains,  ce qui conduirait à un monde d’après Covid qui serait le monde d’avant en pire » ! Une société sans contact…

La crise sanitaire risque purement et  simplement, de se transformer en crise économique, sociale et pardessus tout politique, point.

Une atmosphère malsaine s’échappe déjà des espaces confinés, diffusée  par tous ceux qui se préparent  à demander des comptes à tous nos responsables,  pauvres ignorants confrontés à une situation exceptionnelle, à une maladie inédite, à une crise pleine d’incertitude et de rebondissements, mais impardonnables !  Quand on gouverne on est responsable du temps qu’il fait ! Nous allons assister à un déchainement des partis politiques, extrémistes de gauche comme de droite qui vont se faire une joie de tomber à bras le corps sur notre président. Il faudra bien désigner des coupables ! Sans parler des affrontements diplomatiques (Chine contre le reste du monde) ! Ce confinement n’aura pas permis d’amener les individus à une certaine philosophie de la vie, mais de renforcer leur potentiel d’accusateurs, voleurs, menteurs, racistes !  Exit la moindre réflexion sur nos problèmes écologiques. Encore confinés, nous entendons déjà, les dénonciations, vols de masques, jalousie envers ceux qui sont payés à rester chez eux, employés d’Amazon en grève,  haine sur les réseaux sociaux, fake news, manipulation politicienne, non-respect des règles et des personnes fragiles, rencontres clandestines, plaintes des éleveurs bovins qui crient au scandale car ils ne vendent plus de viande, (mais ça c’est pourtant bon pour la planète !), fraude sur les gels hydro alcooliques,  masques et gants en latex non biodégradables qui fleurissent dans les caniveaux et sur les chemins, arnaques commerciales, (2300€ pour être rapatrié entre Maroc et France),  agressivité envers les asiatiques, discrimination des africains porteurs du virus en Chine, réapparition du spectre du « péril jaune », sans parler des cheveux blancs qui s’insurgent que Mr Macron puisse s’inquiéter de leur santé !….les « néos gilets jaunes » vont s’en donner à cœur joie en renouant avec la violence au sein de la capitale ! Nous risquons tout simplement une montée des populismes …

Quels comportements vont donc changer après Covid ? Devons-nous vraiment compter sur les individus pour améliorer le monde de nos enfants ? Au vu de ces dernières constatations, quels individus sont réellement prêts à sacrifier leurs modes de vie au nom de la planète ? Je lis le dernier article de La Tribune : « Déconfinement, mais comment convaincre les passagers de reprendre l’avion » ?

 Je pense sincèrement que les comportements ne changeront pas. la seule bonne nouvelle est que cette crise, d’origine alimentaire, a permis de s’interroger sur ce que l’on mange, de réapprendre à cuisiner en s’approvisionnant localement avec des produits bio. « C’est le syndrome de la soupe au pangolin ». Conscience durable ou éphémère ?

 Et d’ailleurs serait-il vraiment judicieux de changer radicalement nos modes de vie ? Ce mode de vie confortable que tous les peuples des pays émergents espèrent atteindre un jour, enveloppé dans une précieuse paix internationale qui s’améliore, et que tous nos ancêtres nous auraient envié !

Alors décroissance ou croissance verte ?

 Notre mode de vie, s’il devient raisonné et propre, n’est-il pas si mal ? Car la seule décroissance possible serait de limiter la croissance démographique, difficilement applicable.  « Adopter un écologisme anti humain conduirait notre société au pire, faute d’un joyeux effort de création de tous ».   

Et si l’on pensait plutôt que « ce virus est un nouveau défi à l’intelligence » ? Tout comme l’est le réchauffement climatique ? Et que le changement est une question planétaire, qui ne peut être porté que par la science et la technologie ?

Pour cela nous avons besoin de nos entreprises, qui heureusement, n’’ont pas attendu ce virus pour investir dans une économie propre.

Car on ne pourra recréer des nouvelles chaînes de valeurs, si la machine économique ne tourne pas, pour permettre d’investir dans des technologies et des productions décarbonées.

Comme nous l’avons dit plus haut, nous devons  continuer notre histoire. Les progrès techniques, font partie de la nature humaine. «  L’histoire de l’humanité a toujours tendu à d’avantage d’hommes vivant relativement mieux et plus longtemps »

« L’humanisme, la science, le progrès sont des valeurs qui structurent la pensée occidentale, et dont tout l’occident peut être fier. Il faut juste ne pas oublier que ces mêmes valeurs peuvent avoir une face sombre, et garder l’esprit critique. L’homme ne doit plus avoir une position dominante sur la nature, qui dans notre monde n’a plus rien de sacré »

Aller de l’avant, toujours, mais dans la bonne direction, celle d’un monde meilleur plus respectueux de l’environnement. Pour cela il faudra compter sur une coopération pleine et entière de toutes les forces économiques de la planète.

Nous n’avons d’autres choix que de faire confiance aux savoirs et aux compétences, tout en tenant compte de tous les acteurs économiques de chaque coin de la planète, du plus petit producteur de chocolat camerounais, qui rêve juste de pouvoir payer la scolarité de ses enfants, aux géants occidentaux de l’informatique. Notre intérêt est commun. La mondialisation n’est pas nouvelle, dans l’antiquité la Chine exportait la soie jusqu’en Europe.

Nous sommes la chaîne humaine des citoyens de la terre, faisant partie d’un ensemble indissociable, et c’est en ne sacrifiant personne sur cette planète, que nous gagnerons le combat.  L’individualité, le repli sur soi, la décroissance, conduirait aussi à l’extinction de l’humanité.

« Ce sont les découvertes nouvelles et leurs applications technologiques qui permettront à l’homme de parvenir à un niveau plus élevé de compréhension des lois de l’univers et de maitriser son destin ».

Car l’homme l’a prouvé, sa capacité créatrice  est, elle,  une ressource inépuisable. Une société doit rester progressiste, mais dans un cadre limité par les ressources de la planète.

 « L’objectif d’une véritable politique écolo, celle d’une écologie humaine, est de promouvoir les conditions de maintenance et de développement des infrastructures nécessaires pour améliorer les conditions de vie pour tous et donc la capacité d’accueil de la biosphère »

Depuis une trentaine d’année, l’intelligence humaine apporte des solutions significatives en matière d’environnement. « Au croisement de la transition verte et des nouvelles technologies les startups du monde de la  « Tech » ont le vent en poupe ». Elles fournissent les outils pour s’orienter vers un mode de fonctionnement propre. « Cette émergence s’explique à travers la transformation numérique impliquant l’intelligence artificielle et la nécessité d’agir pour lutter contre les changements climatiques ».

« Bio fabrication », « surcyclage », zéro déchet, sont les mots clés des nouveaux entrepreneurs. « En se tournant vers  des pratiques et des innovations propres, ces acteurs économiques émergents participent au développement de la conscience des enjeux environnementaux et climatiques actuels. De nombreux acteurs sont aujourd’hui réunis pour favoriser cette dynamique responsable ».

en 2020, les secteurs porteurs de l’économie, sont orientés vers l’écologie, le bio, l’éthique. Les innovations pour limiter les déchets sont aussi populaires que les solutions cosmétiques naturelles ou les produits alimentaires bios.

« Nous ne parlons pas du tout d’arrêter les choses de manière forcée. Nous parlons d’utiliser toute l’innovation technologique et sociale, toute l’intelligence collective pour agir sur la manière dont nous produisons les choses et nos choix de consommation, de sorte à réduire, de manière importante, tenace dans la durée, les pressions que nous exerçons sur l’environnement, tout en nous permettant de vivre mieux… nous avons des solutions qui existent dans tous les domaines… tous les secteurs d’activité sont porteurs de solutions » dit Valérie Masson Delmotte climatologue coprésidente du groupe GIEC.

Ferroutage,  voiture hydrogène, fini les vols de moins de 1500 kms, isolation thermique des logements, fini la consommation d’objets inutiles,  les manifestations polluantes, supprimer la publicité qui entretient l’être humain dans un état d’attraction pour le physique, arrêter de produire des objets dont la durée de vie est brève pour contraindre les rachats, tous ses changements responsables doivent accompagner les progrès technologiques.

Les efforts doivent être faits à l’échelle mondiale. Après 30 ans d’efforts soutenus, la protection de l’environnement en Chine  a enregistré des  progrès reconnus dans le monde entier.  Le pays a fait fermer plus de 84 000 PME polluantes. Le problème de pollution des fleuves a été en partie résolu.  1227 réserves naturelles ont été mises en place. 4 provinces écologiques et une vingtaine de zone écologiques exemplaires ont vu le jour. Entre 1996 et 2000 la Chine a investi 360 milliards de Yuans dans la protection de l’environnement.

La végétalisation des villes s’organise pour créer des ilots de fraicheur. Dans les océans, on assiste déjà à une renaissance des infrastructures marines. La moitié des 124 espèces de mammifères marin voit leur population croitre à nouveau. Les éléphants de mer sont  mille fois plus abondants qu’autrefois.

Mais réinventer une économie mondiale, sera réfléchi,  prendra du temps comme à chaque changement depuis que les civilisations humaines existent. Nous devons y croire.

Les bouleversements climatiques et les pandémies ont rythmée la vie des hommes depuis l’origine. Toutes ces épreuves nous ont permis d’aller vers un futur meilleur.

Les rivalités individuelles, les débordements, les haines n’aboutissent à rien, et surement pas à sauver notre monde. « Nous devons ressentir de l’empathie, créer de l’harmonie dans un bel équilibre mondial, alors l’espoir d’un monde meilleur reste entier ».

Nous ne devons pas croire à une croissance infinie, certes, mais à l’infinie ingéniosité humaine. L’humanité va toujours vers plus de droit, plus d’instruction, plus de culture, plus de bien être, et nous devons faire en sorte que chaque habitant de notre planète, sans exception, puisse en bénéficier. Ce sera là notre réussite.

Comme le disait le philosophe Michel Serre, « Non ce n’était pas mieux avant” et nous allons tout faire pour que cela aille mieux après.

 

 

Pascale Didelle

 

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